Nous arrivons au bord de la rivière. Venez-voir les enfants : est-ce que vous savez ce que c’est ? Je leur présente une poudre couleur crème. Certains devinent : du plâtre ! Ils ont déjà moulé des empreintes d’animaux l’an dernier. Mais cette fois-ci, c’est du plâtre du Valbonnais. Certains enfants comprennent. Il y a un gisement de gypse par là-bas. Il suffit ensuite de le faire cuire, au four par exemple, mais une fois, nous le ferons au feu de bois peut-être, ça vous dit ? Pour l’heure, ceux que l’aventure tentent partent à la recherche de traces d’animaux laissés dans la vase schisteuse de la Malsanne. Tu n’as rien trouvé ? Et si tu allais voir de l’autre côté de la rivière ? La fille est perplexe. En la franchissant ? L’eau ne monte qu’au mollet. Après l’été, après les premières pluies de septembre, le débit est encore limité (mais l’étiage est, je pense, passé). Bien sûr, à gué ! Elle veut que je lui donne la main. Nous nous lançons à l’eau, glaciale, et nous voilà sur l’autre rive. Dans son regard, je sens que nous avons surmonté l’impossible. Avec les autres enfants qui nous accompagnent nous célébrons l’événement par des hip hip hip hourra. Et dans le grand lit majeur dessiné par le chenal en tresses nous trouvons nos traces : blaireau ? Renard ? Loup ? Les enfants trouvent toujours des traces de loups ici évidemment, mais ce n’est pas si farfelu que cela a l’air.
Avant de partir, nous venons récupérer nos moulages. Hé : ça a marché. Nous voilà qui quittons les lieux avec à la main nos véritables traces authentiques du Valbonnais : traces d’animaux, dans le plâtre local, moulés dans un après-midi mémorable.