mercredi 9 novembre

Une fois n’est pas coutume, nous commençons notre après-midi par regarder le petit cabinet de curiosité que T. nous a apporté. Les pattes d’écureuil ont un certain succès.

Le temps arrive, cependant, de quitter l’auvent, et de prendre la route sous la pluie : direction la grotte, en passant par les Battants ! Mais là-bas, aux Battants, au bord de la rivière, au creux de la vallée, à l’ombre de la montagne, la température baisse et le froid picote (ou faudrait-il dire picore ?). L’hiver a pris ses quartiers. Curieux toutes ces maisons à cet emplacement, non ? Pourquoi avoir construit ces bâtiments ici, les enfants ? (Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? la question basique de la géographie)

Silence.

Voilà une question que je n’avais pas programmée (un peu comme à l’accoutumée), mais pourquoi pas ne pas continuer à enquêter, comme si nous faisions notre classe promenade à la Célestin Freinet ?

Allez ici, allez là : cherchez des indices si vous le pouvez !

Assez vite, quelqu’un voit la roue de l’ancienne usine textile tourner. C’est la force hydraulique que les hommes, ici sont venus chercher (est-ce qu’un jour je leur montrerai la grande marmite de roche que le voisin m’a indiqué et qui me semble un vestige capable d’expliquer le nom « Battants » du quartier ?). Il fait froid, mais peut-être qu’aujourd’hui, dans cette maison, cela leur permet de se chauffer à moindre frais ?

 

Le reste de l’après-midi se passe autour de la grotte : expéditions aux environs pour trouver d’autres cavités, à l’intérieur pour la creuser (la légende locale ne parle-t-elle pas d’un trésor enterré, si seulement on voulait bien se donner la peine ? Ou d’un souterrain qui conduirait à l’autre bout de la vallée ? La légende n’a pas l’air très décidée), construction d’un escalier avec des marches en bois, gros tronc pourris de noisetier brisés par de puissants coup de pied …

Et puis, il faut conclure cette sortie par là où nous l’avons commencé. Je sors le microscope que j’ai emporté. Vous vous souvenez : T. nous a apporté des trésors de la nature. Maintenant, cherchez autour de vous des trésors, mais de tout, tout petits trésors à observer. Ce sera sur une feuille morte une gouttelette d’eau adamantine, la mousse, les cocons de ces araignées qui avaient été autrefois été traités d’horreurs et qui semble maintenant nous révéler leur merveilleuse beauté. Un peu mièvre et ouaté : mais c’est vrai.

Etc.

On sent que s’il n’avait pas tant plu et si nous n’étions pas si trempés (malgré le surplomb de la grotte qui nous abrite), cela aurait pu éternellement continuer : s’émerveiller dans la révélation de la beauté intime des riens qui nous entourent.