mercredi 4 janvier

 

C’est le début d’une nouvelle année, et aussi le début d’un trimestre pour nos activités. Deux nouveaux enfants nous ont rejoint. C’est une joyeuse petite troupe qui part cette après-midi. « Pas par là » dois-je crier à ceux qui ont déjà pris la route habituelle. Nous nous dirigeons à l’opposé, de l’autre côté du village, sous le sommet du Vet. Nous allons à « Roche à plat », selon le toponyme que je tiens de notre voisin (qui y jouait lui-même étant petit). Nous ne sommes pas allés dans ce secteur bien souvent. Les enfants présents l’année dernière se rappellent une sortie raquette faite avec l’accompagnateur Luc Jeannot, sur les traces des animaux. Pas de neige cette année, après le Noël doux. Au fil de la « marche d’accès », j’égrène quelques notions élémentaires de géographie en passant par le centre (la mairie, la poste, les commerces, et l’église un peu plus loin) et par la petite ceinture maraîchère qui enserre le vieux village-tas. Coup d’oeil aux vergers, aux jeunes tiges de saules bouturées dont nous imaginons qu’elles seront bientôt plessées. Enfin, les enfants repèrent des blocs au bout de la plaine des Quintaux, sous le canal. « Est-ce que nous pourrons aller jouer là-bas » demandent-ils. Voilà une question qui m’enchante. « Je ne sais pas, allons voir ». Ils ont vite fait de comprendre, à la vue de l’étrange caillou tabulaire, que nous sommes précisément arrivés à « Roche à Plat ». Il y a d’autres blocs également. Tout est plongé dans les ronces sauf la roche, qui est couverte elle par la mousse. Si nous voulons grimper un peu et faire du bloc il va falloir dégager tout cela. Distribution de gants, de sécateurs, de cisaille : si ce n’est pas de l’entretien du paysage ! Je pense que nous méritons un franc soutien de la mairie. Les enfants explorent le lieu et le nettoient en ouvrant des « attractions » qui portent des numéros. Ils ont tôt fait, également, de se répartir des tâches. L’un donne des tickets, l’autre est testeur, un troisième responsable de site etc. Je me vois discerner le titre de directeur. J’aurais été directeur une fois dans ma vie... Ici ce sont des animaux que nous trouvons. Là un nid. Voilà qui nous amène à parler des ronces et du rôle qu’elles peuvent jouer pour offrir le gîte et le couvert à de nombreuses espèces. T. nous apporte maintenant une petite « corne végétale ». Qu’est-ce que c’est ? Nous voilà à parler turion, et modes de reproduction de la ronce. Nous essayons de suivre une tige… pour remarquer que son bout est enfoncé en terre. Essayons de l’en extraire : elle casse, trop bien enracinée. Ainsi agit la ronce lors de sa première année. Elle fructifiera la seconde, puis mourra, lignifiée.

Il y a les orties aussi.

Nous sommes dans un champs couvert d’espèces pionnières dont nous parlons du rôle, de la protection qu’elles peuvent assurer pour les jeunes pousses des arbres qui s’installeraient bientôt si rien n’est fait.

Et des usages : vannerie sauvage, confiture, infusion...

« Mais la ronce est extraordinaire, et moi qui croyais que c’était une saleté ! » s’exclame D..

Et le tour est joué, me dis-je intérieurement, en taillant à grands coups de sécateurs autour du rocher qui nous dévoile sa jolie traversée. À mes côtés, A. s’affaire à enlever la mousse et à brosser la pierre pour la débarrasser de sa terre et révéler ses belle prises, tandis que M. ouvre une voie difficile.

 

« Les enfants, c’est l’heure de rentrer.

- Déjà ! »

 

On peut dire que l’année a bien commencé.